Le cinéma des frères Coen

Publié le par kitano






Nés respectivement en 1953 et 1957 dans le Minnesota, état du nord des Etats-Unis, au climat assez rude, ils vont se hisser au sommet de la série dite B, en réalisant des petits bijoux pétris d'humour noir.

le cinéma des frères Coen se fait en famille : les deux frères écrivent le scénario, Joel réalise, Ethan produit et ils montent leur film ensemble (crédité sous le pseudo Roderick Jaynes).

Joel Coen l'aîné des deux frères commence sa carrière comme assistant monteur du film Evil Dead, d'un autre surdoué du cinéma indépendant américain Sam Raimi, leur collaboration débute avec Blood Simple (Sang pour Sang) en 1984, photographié par Barry Sonnenfeld. 




Cynisme, suspense omniprésent, sens de l'absurde, les Coen dès leur premier film imposent leur style., ils obtiennent le Grand Prix du jury du Festival de Sundance. Sam Raimi met, ensuite, en scène un de leurs scénarios, Mort Sur le Grill. On les croit cantonné au genre policier lorsqu'ils prennent tout le monde à contre-pied et signe une farce burlesque : Raising Arizona.
Avec des personnages complètement déjantés, des cadrages tordus, le duo se fait plaisir. Le film est présenté hors compétition à Cannes en 1987. C'est la découverte en France de ces jeunes prodiges du cinéma indépendant américain.


Ils reprennent leur caméra en 1990, et tourne Miller's Crossing, un magnifique film de gangster. Visuellement le film est une pure merveille, l'automne « bostonien » est superbement photographié.


 

Tom Reagan (Gabriel Byrne dans son meilleur rôle) traverse l'histoire, seul, isolé devant la folie meurtrière des hommes. Une histoire d'engrenage fatal, de petits grains de sable qui font déraper l'histoire vers l'absurde et la violence.


En 1991 ils tournent Barton Fink, le film le plus sombre des frères Coen, drame paranoïaque sur la peur de la page blanche. Inspiré par les 3 années d'absence entre Arizona Raising et Miller's Crossing.




Barton Fink remporte tout à Cannes : Palme d'or, Prix de la Mise en Scène et Prix d'interprétation pour John Turturro. La razzia est telle que Gilles Jacob changera le règlement pour interdire à l'avenir les multiplications de prix pour le même film. Barton Fink a la particularité d'être le seul film de duo, dont la réalisation est à la fois crédité à Joel mais aussi à Ethan.

Après ce succès public et surtout critique, Joel Silver (L'Arme Fatale et Piège de Cristal) décide de les produire. C'est la première fois que les deux frères travaillent pour un gros studio américain : De gros moyens financiers, un casting important (Tim Robbins, Paul Newman, Jennifer Jason Leigh) et l'unique échec des frères Coen.
En effet, The hudsucker proxy ( le grand saut ) est un fiasco public, mais aussi critique. Présenté en Ouverture à Cannes en 1994, le film déçoit.
Pourtant ce film reste une comédie jubilatoire et une critique acerbe du capitalisme.





Ils ne pouvaient pas s'arrêter là, ils prennent leur revanche deux ans plus tard avec Fargo, Polar enneigé qui se situe dans leur Minnesota natal.
Le film va remporter de nombreuses récompenses dont le prix de la Mise en Scène à Cannes, et l'Oscar du meilleur scénario, consécration d'Hollywood pour ces cinéastes indépendants. Fargo va également séduire le public américain. Tourné pour 7 millions de dollars, le film en rapporte 10 fois plus.





Malgré le succès, les frères Coen refusent de retourner pour les studios Américain. C'est leur ami Sam Raimi qui réalise une « suite » à Fargo avec le réussi Un Plan Simple.

Ethan et Joel préfèrent changer de style et se font plaisir avec The Big Lebowski (1998)



Une comédie burlesque et déjantée. Jeff Bridges et John Goodman interprètent des personnages de loosers sympathiques, de fous de bowling , de vrais glandeurs. Dialogues savoureux et moments drôlissimes avec notamment la scène de remise de rançon la plus ratée de l'histoire du cinéma jalonnent The Big Lebowski.

Avec O'Brother, en sélection officielle à Cannes, ils continuent dans la comédie mais cette fois-ci elle est musicale. Le film est une nouvelle version de l’Odysée d’Ulysse dans le fin fond du Mississipi pendant la grande dépression.

Puis ils reviennent au film noir en 2001 avec The Barber « the man who wasn’t there » présenté également à Cannes, Le rythme lent, la musique et l'utilisation du noir et blanc rendent un hommage marqué aux films noir des années 40. L'utilisation de la lumière et des ombres, une photographie superbe et la rigidité du visage de Billy Bob se conjuguent à merveille pour faire de chaque plan une image d'époque.




Leurs dernières comédies en date ( Ladykillers et Intolerable cruelty ) tout en gardant des dialogues savoureux et des personnages haut en couleur sont peut être un peu plus orientés " grand public ", il en en reste malgré tout des scènes excellentes comme le discours prononcé par Clooney sur le bonheur du mariage devant un congrés d'avocats spécialisés dans les divorces.

Enfin avec leur toute dernière oeuvre No country for old men les Coen reviennent vers le genre qui a fait leurs succés, quelque part entre Blood simple et Fargo où l'absurdité cotoie la violence la plus brute. Un film somme pour une filmographie regorgeant déjà de pièces maîtresses.




Mon coup de coeur

Leur filmographie contient des chefs-d'oeuvres, (Barton Fink, Miller's Crossing, Fargo, The Big Lebowski), mais j'avoue porter une admiration particulière à leur tout premier film : " Blood Simple ".
Ce film contient déjà les thèmes majeurs et annonciateurs des futurs succés des frères Coen :

- Une réflexion désabusée sur une humanité qui croit maîtriser son existence alors que le hasard et la fatalité décident du destin
- La difficulté de communication (des quiproquos absolument jubilatoires dans leurs films), on se parle mais on ne se comprend pas, on retrouve cela dans The Barber ou dans Barton Fink (" Vous n'écoutez pas ")
- Un humour noir, grinçant, marque de fabrique des deux frères et dont le cynisme atteint l'apogée avec le sublime " The Man who wasn't there " et son final boulversant.

Blood Simple est un film noir d'une simplicité diablement efficace, le scénario se déroule comme du papier à musique, il règne une ambiance lourde et pesante jusqu'au final d'une incroyable intensité ( " I don't fear you Ray ")

En Résumé

Le cinéma des frères Coen c'est avant tout des scénarios, les deux frères sont pour moi parmis les meilleurs scénaristes et conteurs d'histoire du cinéma Américain avec Alfred Hitchcock.

Le cinéma des frères Coen c'est aussi une formidable description des Etats-Unis à travers l'espace et le temps, Le Minnesota (Fargo),le Texas (Blood Simple),le Mississipi profond pendant la grande dépression (O'brother), Los Angeles au début des années 90 pendant la guerre du golf (Big Lebowski), dans les années 40 (Barton Fink), à l'époque de la prohibition (Miller'Crossing), New-York fin des années 50 (The Husucker Proxy)…

Le cinéma des frères Coen c'est également une troupe d'acteurs excellents qui arrivent à rendre des seconds rôles aussi mémorables ( peut ont vraiment parler de second rôles avec leurs films) que les premiers, John Turturro en tête et son "look in your heart" dans Miller's Crossing et son "Nobody fuck whith the Jesus " du Big Lebowski, mais aussi entre autres Frances McDormand, Jon Polito, Steve Buscemi et bien sûr John Goodman.

Le cinéma des frères Coen pourrait se résumer dans cette phrase prononcée par Barton Fink : "Je veux faire des films pour le grand public dont le matériau de base serait l' homme de la rue …"

C' est la revanche des loosers, " Bums always lost " disait le milliardaire Lebowski, " Bums rules " affirment les frères Coen...

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B
Génial ton article! enfin plutôt tes articles. Je constate que rayon cinéma, nous avons beaucoup de références communes; ça fait plaisir. Merci pour ton com très sympa. Je reviendrai quand internet refonctionnera correctement chez moi. Amicalement
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